Comptages du trafic

Covoiturage

 

Comptages du trafic

Ce printemps, plusieurs groupes d’habitants se sont mobilisés pour les comptages du trafic aux heures de pointe dans l’idée de récolter des chiffres sur le covoiturage dans notre région. Occasion de revenir sur un sujet préoccupant une partie de la population.

 

Contacté par téléphone, Laurent Reymondin, directeur de l’Association pour le développement des activités économique de la Vallée de Joux (ADAEV) rappelle le contexte : « Le covoiturage de développe dans notre région depuis une dizaine d’années et la Vallée de Joux a toujours été bon élève avec les résultats les plus élevés de tout l’Arc jurassien franco-suisse. Les derniers chiffres officiels provenant de l’Étude de mobilité, présentée par les trois communes en 2022, indiquent un taux de covoiturage de 30-40%, nettement au-dessus de la moyenne nationale. Avec le temps, la progression rapide des premières années s’est un peu essoufflée, poursuit le directeur de l’ADAEV, les entreprises ont plus de peine à recruter de nouveaux covoitureurs et les chiffres commencent à plafonner. Mais aujourd’hui, nous avons un vrai élan de collaboration inter-entreprises, ce qui n’était pas toujours le cas dans le passé, à ce niveau-là, la donne a réellement changé. Nous cherchons de nouvelles solutions, entre autres, un projet d’application commune pour tous les covoitureurs est à l’étude. »

 

Comptages citoyens

Pour de nombreux Combiers le sujet est plus qu’important. Ce printemps, en bravant une météo pas toujours favorable, plusieurs équipes d’habitants ont effectué des comptages sur les routes sortant de la Vallée pour avoir des données détaillées.

 

Comptages du 23 avril, 15h30-17h00

Véhicules

Personnes

Véhicules en moins grâce au covoiturage

Baisse du trafic grâce au covoiturage (%)

Mouthe

605

822

217

26%

Le Marchairuz

143

166

23

14%

Vallorbe

190

228

38

17%

Le Mollendruz

177

227

50

22%

Bois d’Amont (18 juin 2024)

1235

1450

215

15%

Vallée de Joux

2350

2893

543

19%

 

Comment interpréter ces chiffres ? Globalement, les valeurs mesurées sont proches de celles de l’Étude de mobilité (2022) avec un taux de covoiturage de 38%, un très bon résultat comparé aux autres régions frontalières. Néanmoins, ce chiffre n’explique pas tout à fait ce qu’on peut observer sur la route. « Au fond, il s’agit de savoir à quel point le covoiturage permet de baisser le nombre des véhicules, explique un membre du Collectif pour un trafic apaisé. Dans les communications officielles, on parle de taux de covoiturage, c’est-à-dire toutes les personnes qui participent au covoiturage dans une entreprise, donc les passagers mais aussi les conducteurs. Cette manière de calculer, certainement utile pour les entreprises, ne répond pas à la question qui intéresse les riverains : comment tout cela fait baisser le nombre des véhicules sur la route. Les comptages citoyens montrent que le covoiturage diminue le trafic entrant et sortant de la Vallée d’environ 19%. Cela veut dire qu’un travailleur sur cinq laisse sa voiture à la maison, ce qui est certainement un bon résultat. On peut néanmoins se demander si cet effort est à la hauteur d’un développement industriel qui repose essentiellement sur le trafic des frontaliers. »

Lire aussi : Le Temps « Où travaillent les frontaliers en Suisse ? »

 

Disparités entre les axes

cta1

Le Brassus, juin 2024.

 

Les deux axes transfrontaliers se démarquent dans ce tableau. La route de Mouthe présente des résultats très honorables – le trafic y baisse de 26% environ grâce au covoiturage, une personne sur quatre laisse sa voiture à la maison. À l’opposé, en direction de Bois d’Amont, alors que cet axe totalise plus de la moitié du trafic aux heures de pointe, cette baisse est seulement de 15%. Toute proportion gardée, les employés venant du Doubs (Mouthe) semblent nettement plus intéressés par les trajets en commun. « Comme la route à faire est plus importante de ce côté, il y a plus d’intérêt pour les pendulaires de se regrouper, avance Laurent Reymondin. Mais cela reste une explication intuitive faute de données officielles. »

Pour les habitants du Brassus, l’heure est plutôt au découragement. « Aux heures de pointe, nous sommes confrontés à un flux de voitures qui ne s’arrête pas. Et du covoiturage là-dedans, on a de la peine à en trouver, soupire Marlyse Meylan, une habitante du village engagée dans les comptages. Nos industriels, prennent-ils réellement la mesure de l'inconfort des citoyens face à cette déferlante de véhicules ? Et à en croire les projets de construction, c’est loin de diminuer. Le covoiturage seul est-il la solution ? » s’interroge-t-elle. Au vu des résultats contrastés, les habitants promettent de revenir avec de nouveaux comptages.

Jarek Smiech

Association Collectif pour un trafic apaisé