Lors de la séance du 5 décembre, le Conseil communal prendra connaissance de la pétition des habitants du Séchey en faveur d’une zone 30 sur une partie de la route cantonale scindant le village. Cette initiative offre à la Municipalité l’occasion de mener une réflexion sur la sécurité des piétons dans toute la commune.
Durant tout l’été un groupe d’habitant se mobilise sur un sujet qui agite le Séchey depuis des années : traversée entre les deux parties du village. Le passage piéton demandé depuis des lustres n’a jamais pu être réalisé et malgré les récents travaux, qui ont certes amélioré le cheminement en direction de la gare, traverser la grande route reste une gageure. Dans les conditions actuelles, les piétons, dont les enfants sur le chemin de l’école et les personnes âgées descendant aux commodités du village, s’engagent sur la route à leurs risques et périls. De même, faute de visibilité, il n’est pas facile pour un automobiliste de rejoindre l’axe principal depuis le parking du village ou depuis le bas du Séchey.
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Les habitants proposent une solution à cette situation potentiellement accidentogène en s’appuyant sur la récente modification de l’Ordonnance sur les zones 30. Depuis le 1er janvier 2023, les zones 30 existant sur les routes secondaires peuvent être élargies sur une route cantonale dans le but d’assurer la sécurité des usagers ou remédier au bruit excessif, moyennant une expertise de la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR). En revanche, aucune expertise n’est désormais requise pour créer une zone 30 sur une route communale, la décision étant uniquement du ressort des autorités locales et le rôle du Canton se limitant à la publication dans la FAO.
Beaucoup d’avantages et pas d’inconvénients
Le changement demandé de longue date par de nombreuses communes confrontées à des démarches fastidieuses auprès des Cantons et acté enfin par le Conseil fédéral répond à une vraie évolution de société. La modération de la vitesse est devenue la norme dans les quartiers résidentiels et le 30km/h est rentré dans les mœurs au point que les communes renoncent souvent aux aménagements spécifiques, tels gendarmes couchés ou chicanes. Dans la majorité des cas, une signalétique claire assortie d’un radar pédagogique est suffisante pour faire respecter la limitation. Le choix d’utiliser les ralentisseurs avec parcimonie est aussi dictée par la protection contre le bruit, car les aménagements de ce type génèrent des nuisances sonores.
Le succès de zones 30 s’explique par leurs nombreux avantages. En tête, la baisse du bruit de l’ordre de 50% et une importante amélioration de la sécurité. Le Bureau de prévention des accidents (BPA) s’est lancé récemment dans un plaidoyer pour modérer la vitesse partout où la présence des piétons et des cyclistes est importante. Et il est vrai que les chiffrés avancés par l’organisme de prévention sont parlants. Alors que près de deux tiers des accidents graves en Suisse se produisent en localité (50 km/h), ce qui représente 1900 blessés graves et 80 décès chaque année, la limitation de la vitesse dans les endroits sensibles permettrait de sauver des vies. En effet, pour un piéton le risque d’être tué en cas de collision avec un véhicule circulant à 50km/h est six fois plus élevé qu’à 30 km/h. Concernant les enfants en bas âge, ce risque est encore accru et la Suisse est loin d’être le modèle dans ce domaine. Aussi surprenant que cela puisse paraître, notre pays occupe l’une des dernières places du classement européen de la sécurité des enfants dans le trafic selon le BPA.
De faible coût et faciles à mettre en place, les zones 30 n’ont qu’un impact négligeable sur le temps du trajet pour les automobilistes, sur des tronçons courts, il est de l’ordre de quelques secondes seulement. En plus, les études montrent que l’écoulement du trafic n’est pas affecté, dans les centres urbains on observe plutôt l’amélioration de la fluidité, on ne constate pas non plus de report du trafic sur le réseau secondaire. En résumé, beaucoup d’avantages et pas d’inconvénients, selon la formule d’un journaliste de la RTS.
Et la Vallée de Joux ?
Si une grande partie de la population de notre pays habite aujourd’hui à l’intérieur d’une zone de trafic modéré, la Vallée de Joux reste une exception. Pourtant, des demandes n’ont pas manqué par le passé. En 2019, une motion de Pierre Lorétan demandant le 30km/h sur la rue des Artisans au Séchey, projet toujours pas réalisé, a relancé le débat par les voix de Catherine Barras, demandant une réflexion pour toute la commune du Lieu, et de Charles-Louis Rochat, pointant les besoins dans les zones résidentielles de Charbonnières.
Courbes larges favorisant la vitesse, trottoir discontinu et manque de passages piétons, le carrefour des Charbonnières est loin d’offrir une sécurité suffisante aux piétons.
Aujourd’hui, grâce aux procédures simplifiées, ces postulats pourraient être rapidement réalisés en améliorant la sécurité et la qualité de vie des riverains. Mais il est aussi possible d’imaginer les centres des villages avec la vitesse modérée sur une partie de la route cantonale. Ainsi, le périmètre autour du collège du Lieu pourrait devenir une zone 30 en ouvrant la possibilité d’obtenir un passage piéton supplémentaire pour plus de sécurité des écoliers. De même, l’intersection de la route cantonale en face de l’Hôtel du Cygne aux Charbonnières, aujourd’hui aux allures d’une piste d’atterrissage plutôt que d’un carrefour de village adapté aux besoins des enfants embarquant dans le bus scolaire ou des seniors se rendant au seul commerce du coin. Si la volonté politique est au rendez-vous, de tels projets peuvent enfin voir le jour et j’ose espérer que nos autorités saisiront l’initiative venant du Séchey pour améliorer la sécurité des habitants de toute la commune.
Jarek Smiech, Le Séchey